La quatrième de couverture :
Tous ses camarades ont la télévision. Pas lui. A cause de sa mère et de son oncle qui jurent que "la télé est un poison qui rend con". Il est le seul de son école et de son quartier à ne pas connaître Goldorak et Dallas. Alors il va au cinéma. Il y voit un rat blanc aux eux rouges. Il y voit une femme à poil cracher du sang. Il y voit des samouraïs et des cow-boys et des extraterrestres. De M le Maudit à Scarface, de Frederico Fellini à Francis Ford Coppola, de Berlin à Chinatown. Guillaume Guéraud raconte dans cette autobiographie les images qui l'ont fait basculer de l'enfance à l'adolescence. Et qui ont nourri tous ses romans précédents.
Mon avis :
Ce récit est ancré dans un contexte social plutôt rude : Guillaume vit dans une banlieue de Bordeaux, au sein d'une famille monoparentale. Il a tout de même la chance d'être accompagné d'une figure masculine : son oncle, ouvrier militant communiste. Le contexte politique est donc également prégnant : sont évoqués l'élection de François Mitterand, les mouvements sociaux des années 80 ou encore l'abolition de la peine de mort. Ce gamin né en 1972 n'a pas la télévision chez lui comme tous ses camarades. Son oncle considère qu'elle est "un poison qui rend con". Lorsqu'il rentre à l'école primaire, Guillaume se rend compte du fossé entre lui et ses camardes. Il n'a jamais entendu parler de Charles Ingalls et de sa petite maison dans la prairie. En réponse à une brève période de rébellion, sa mère se décide à lui faire découvrir le cinéma. Dès lors, il ne cessera de s'y rendre, plusieurs fois par semaine.
L'auteur nous fait part dans chacun des courts chapitres de son livre d'un film particulier qui l'a marqué : de Mon oncle d'Amérique à Scarface en passant par E.T. et Duel au soleil. Tous ces films vont contribuer à le faire évoluer de l'enfance à l'adolescence, nourissant son éducation politique, sentimentale et même sexuelle et lui renvoyant en miroir le bouillonnement intérieur de ses fiévreuses interrogations d'adolescent. La construction du récit est intéressante : chaque chapitre est ponctué d'un extrait du script d'un film. Son écriture est d'une fluide oralité. Un bémol toutefois par rapport à l'avis tranché sur la télé qui y est véhiculé : on peut considérer qu'à l'instar du cinéma, on trouve à la télévision à la fois du bon et du mauvais. Il est donc vain de tomber dans le manichéïsme. On retiendra que cette autobiographie est intéressante, permettant de mieux comprendre le vécu et les inspirations pouvant influencer l'oeuvre de Guillaume Guéraud.
Guéraud, Guillaume.
Sans la télé
Ed. du Rouergue
Coll. DoAdo
2010/101 p.